Hommage à Edouard GLISSANT

(prononcé par Victor Anicet au cimétière du Diamant le 09 février 2011)

 

Le signe en céramique qui recouvre la tombe d’Edouard s’appelle la présence de l’Est Multiple, titre donné par Edouard Glissant lui-même.

Il représente la porte d’un parc à bœufs

Il s’agit d’un symbole qui a marqué de la même façon, son enfance et la mienne.

Il fait partie d’une série de tableaux présentés lors de ma première exposition réalisée à la Martinique en 1970, grâce au concours d’Edouard.

C’est lui qui m’a accompagné, encouragé et soutenu par son discours philosophique et nos nombreuses discussions.

Cette œuvre est un hommage à Edouard Glissant, un tout petit hommage à une grande générosité que je connais bien, parce qu’il l’a appliquée à travers moi, jeune étudiant à Paris ; mais à travers moi c’est à toute l’humanité qu’il a versé tout au long de sa vie cette immense générosité.

A travers moi, peintre j’ai perçu sa façon d’inventer une ambition immense pour toute l’Humanité.

A travers moi, céramiste, j’ai compris son ambition immense de relier la Caraïbe au monde entier.

A travers moi, j’ai compris comment il voulait réconcilier entre elles toutes les disciplines et toutes les cultures.

Je crois avoir compris avec lui que la connaissance ne devait pas être confisquée, la connaissance qui précède l’action.

Cet homme engagé, ce militant de toute une vie, aurait préféré certainement à la place de nos lamentations, que nous fassions aujourd’hui la promesse d’un engagement de continuer le travail d’exigence et l’ambition d’excellence qu’il avait pour le monde entier, de poursuivre ce défrichement qu’il a entrepris et qu’il laisse à ceux qui voudront inventer un monde nouveau.

Edouard, mon ami, mon frère, cette stèle, c’est le dernier cadeau qu’il m’a été donné de t’offrir, et c’est la digne reconnaissance pour tout ce que tu m’as apporté. Merci encore.

Evoquent aussi  cette céramique:

  • L’article  de Valérie Loichot sur mondesfrancophones.com, revue mondiale des francophonies dans un article sur le tout-art d’Edouard Glissant.
  • Le texte « les maux bleus » que G. Pigeard de Gurbert consacre au travail de Victor Anicet